Peut-on embaucher facilement un salarié étranger ?
Tout d’abord, il convient de préciser de qui nous parlons. Il s’agit des personnes qui ne sont pas ressortissantes d’un État membre de l’Union Européenne, d’un État partie à l’Espace Économique Européen (EEE) ou de la Confédération Suisse. Ces 31 pays bénéficient de la libre circulation des travailleurs, ce qui signifie que leurs ressortissants peuvent travailler librement dans cet espace européen sans nécessité d’un titre ou d’une autorisation spécifique.
Cependant, la Guyane, tout comme les Antilles françaises, est en dehors de cet espace. Ici, de nombreux travailleurs étrangers, en provenance de la Caraïbe ou du continent américain, circulent pour occuper des emplois. Mais contrairement aux citoyens européens, ces travailleurs ne peuvent pas être embauchés sans respecter des obligations strictes imposées à l’employeur français.
Quelles sont les obligations de l’employeur français avant d’embaucher un travailleur étranger ?
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Une taxe supplémentaire pour l’employeur
Depuis le 1er janvier 2023, l’employeur doit s’acquitter d’une taxe auprès de la Direction Générale des Finances Publiques (DGFIP) (auparavant l’OFII). Cette taxe varie en fonction de la durée du contrat du salarié étranger :- Pour un contrat supérieur ou égal à 12 mois : 55 % du salaire brut mensuel versé au travailleur.
- Pour un contrat de 3 à 12 mois : entre 50 € et 300 € en fonction du salaire.
- Pour un emploi saisonnier : 50 € par mois d’activité. Cette taxe est exigible à la fin du mois du premier jour d’activité du salarié.
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Vérification du titre de séjour et de l’autorisation de travail
L’employeur a l’obligation de vérifier la validité du titre de séjour et de l’autorisation de travail du salarié étranger avant de procéder à son embauche. En cas de non-respect de cette obligation, la loi prévoit des sanctions sévères :- 5 ans de prison
- 15 000 € d’amende, appliquée pour chaque salarié étranger embauché illégalement.
Il est donc crucial que l’employeur soit vigilant et qu’il prenne le temps de vérifier scrupuleusement tous les documents nécessaires.
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Les vérifications à effectuer
L’employeur doit s’assurer de la validité des documents suivants :- Pièce d’identité
- Titre de séjour
- Autorisation de travail En outre, il doit également vérifier la validité de l’autorisation de travail auprès des autorités compétentes, comme la préfecture. Il doit conserver les copies de ces documents dans le dossier du salarié et dans le registre unique du personnel.
Enfin, un système d’alerte doit être mis en place afin de notifier l’employeur de la fin de validité du titre ou de l’autorisation, et ainsi anticiper un renouvellement.
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Le maintien de l’emploi en cas d’expiration du titre
Si le titre ou l’autorisation expire et n’est pas renouvelé, l’employeur est dans l’obligation de mettre fin au contrat de travail, même si le salarié a été embauché de manière régulière initialement.
Les travailleurs sans papiers : Un nouveau cadre juridique
La loi du 26 janvier 2024, bien que souvent médiatisée, introduit un nouveau dispositif pour les travailleurs sans papiers dans des secteurs en tension, tels que le BTP, les aides à domicile ou la restauration. Désormais, ces travailleurs pourront demander eux-mêmes une carte de séjour « travailleur temporaire » ou « salarié » sans passer par leur employeur.
Pour en bénéficier, ils devront justifier de 12 mois de travail au cours des 24 derniers mois, résider en France depuis 3 ans, et être intégrés. Cette mesure, qui sera expérimentée jusqu’à fin 2026, confère ainsi aux travailleurs sans papiers la possibilité de régulariser leur situation, mais elle place également l’employeur face à une responsabilité accrue.
Les conséquences pour l’employeur : Une double responsabilité
L’employeur peut s’attendre à des sanctions sévères en cas de recours à des travailleurs non autorisés à travailler. Ces sanctions incluent :
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Les redressements de cotisations sociales
Si un salarié étranger est employé sans autorisation et sans déclaration auprès des organismes sociaux, l’employeur s’expose à un redressement de cotisations et de contributions sociales par l’URSSAF. -
Les amendes fiscales
L’employeur s’expose également à une amende administrative de 20 750 € par travailleur étranger non autorisé à travailler. Cette amende est applicable dans les cas où le travailleur n’a pas d’autorisation de travail ou occupe une fonction non prévue par son autorisation. -
La responsabilité solidaire du donneur d’ordre
En plus de la responsabilité de l’employeur, le donneur d’ordre (ou principal) peut également être tenu financièrement responsable s’il emploie un travailleur sans autorisation. -
Le risque de travail dissimulé
L’employeur peut être poursuivi pour travail dissimulé, ce qui entraîne une amende forfaitaire équivalente à 6 mois de salaire du salarié concerné. Cela représente un risque financier considérable.
Un employeur averti en vaut deux !
Les sanctions encourues par les employeurs qui ne respectent pas les règles d’embauche des travailleurs étrangers sont nombreuses et lourdes. À l’heure actuelle, bien que les infractions restent relativement peu sanctionnées, cela pourrait changer. Ne prenez donc pas le risque de perdre tout ce que vous avez bâti en négligeant vos obligations spécifiques lors de l’embauche de travailleurs étrangers.
Dans ce contexte, il est essentiel de rester vigilant et de prendre toutes les mesures nécessaires pour être en conformité avec la législation. Un employeur averti en vaut deux !
JUSTITIA