Un quart des jeunes de l’Hexagone présentent des symptômes dépressifs. Dans les Outre-mer, ce chiffre grimpe à près de quatre sur dix. Un rapport de l’Institut Montaigne dévoile l’ampleur des fractures et appelle à une action urgente.
Un état des lieux inquiétant
L’Institut Montaigne, en partenariat avec la Mutualité Française et l’Institut Terram, a mené au printemps 2025 une enquête auprès de plus de cinq mille jeunes de quinze à vingt-neuf ans. Les résultats révèlent une détresse psychique massive et des écarts inquiétants selon les territoires, les genres et les contextes de vie.
Un jeune sur quatre répond aux critères d’un épisode dépressif. Mais la moyenne nationale dissimule de fortes disparités : 19 % en Bourgogne-Franche-Comté, 28 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 39 % en Outre-mer, avec des sommets en Guyane (52 %), en Martinique (44 %) et à Mayotte (43 %).
Des fractures multiples et persistantes
L’étude révèle aussi que près d’un tiers des jeunes interrogés ont déjà eu des pensées suicidaires. Le stress est quasi généralisé : 87 % disent être sous pression face aux études et 75 % face au travail. L’instabilité professionnelle accentue encore la vulnérabilité.
Les écarts concernent aussi le genre : 27 % des jeunes femmes présentent des signes de dépression contre 22 % des jeunes hommes. En zone urbaine, 64 % des jeunes déclarent tristesse ou désespoir, contre 54 % en milieu rural. Le harcèlement scolaire touche près d’un tiers des jeunes et le cyberharcèlement un quart.
Un accès aux soins très inégal
En Hexagone, 38 % des jeunes ont déjà consulté un professionnel de santé mentale, mais seuls 21 % l’ont fait à plusieurs reprises. Dans les Outre-mer, seulement 30 % déclarent avoir consulté, et à Mayotte ce chiffre tombe à 27 %.
Plus d’un tiers de ceux qui ressentent le besoin de consulter n’engagent aucune démarche. Les freins sont connus : stigmatisation, manque d’information, obstacles financiers ou logistiques, parcours de soins illisibles.
Quelles solutions ?
Les jeunes avancent des propositions claires : faciliter l’accès aux soins psychologiques et renforcer la prévention (36 %), réduire les obstacles matériels et financiers, promouvoir des pratiques favorables au bien-être comme le sport, la culture ou les liens sociaux.
Ils insistent aussi sur la nécessité d’intégrer la santé mentale dans les établissements scolaires et universitaires, et de mieux lutter contre le harcèlement.
Un enjeu de société
Le rapport rappelle que la santé mentale ne se résume pas à un enjeu médical. Elle dépend aussi de l’éducation, du logement, de l’aménagement du territoire et de la justice sociale. L’Institut Montaigne appelle à faire de la santé mentale une grande cause nationale et à agir concrètement, au plus près des territoires.









