Une étude du CHU de Guadeloupe confirme le lien entre consommation de fruits Annonacées (corossol, pomme-cannelle) et parkinsonisme atypique dans les territoires français de la Caraïbe.
Une étude publiée en août 2025 dans la revue Neuropathology and Applied Neurobiology, menée par le CHU de Guadeloupe et le Paris Brain Institute-ICM, confirme que la consommation importante de fruits de la famille des Annonacées, comprenant notamment le corossol et la pomme-cannelle, est associée au syndrome parkinsonien atypique observé dans les territoires français de la Caraïbe. Selon les auteurs, « l’annonacine, une toxine présente dans ces fruits, joue un rôle central dans la coagrégation des protéines neuronales », un mécanisme caractéristique de cette forme de parkinsonisme.
Une prévalence inhabituelle dans les territoires français de la Caraïbe
Le parkinsonisme atypique est rare dans la population générale, mais il atteint des taux anormalement élevés dans les territoires français de la Caraïbe où la consommation de fruits de la famille des Annonacées est importante. Comme le souligne l’étude, « la consommation régulière de produits issus des Annonacées pourrait être un facteur contributif à cette prévalence exceptionnelle ». Les chercheurs précisent que cette association concerne des fruits couramment consommés localement, notamment le corossol et la pomme-cannelle.
Coagrégation de protéines et mécanisme moléculaire
L’étude montre que « l’annonacine induit la coagrégation de protéines dans les neurones », perturbant leur fonctionnement et favorisant la progression du parkinsonisme atypique. Cette coagrégation, observée à l’aide de techniques de microscopie électronique et d’immunohistochimie, affecte particulièrement les zones cérébrales liées au contrôle moteur, expliquant les symptômes caractéristiques de la maladie.
Des implications majeures pour la santé publique
Les auteurs insistent sur la nécessité d’une information accrue des populations locales. Selon le rapport, « la consommation excessive de fruits de la famille des Annonacées représente un risque significatif pour la santé neuronale » et nécessite une surveillance attentive. Les autorités sanitaires sont encouragées à « sensibiliser la population aux dangers potentiels associés à ces produits » afin de limiter le développement de nouveaux cas.
L’étude ouvre également des perspectives de recherche fondamentale sur les mécanismes moléculaires du syndrome parkinsonien atypique caribéen et sur le développement de stratégies de prévention ciblées.
Comme le rapporte l’ARS de Guyane dans sa lettre pro du 22 août, « Il y a encore du chemin à faire pour pouvoir bien comprendre le processus qui conduit à la maladie de Parkinson » et la consommation de ces fruits, tempère le Dr Jean-Médard Zola, neurologue au CHUG, sur France Culture. « Donc, dans ces conditions, nous incitons à la prudence. Mais nous ne sommes pas là pour affoler la population. »