Dans une lettre ouverte du 21 juillet 2025, Victorin Lurel dénonce « une situation bloquée » et appelle Ary Chalus, président du Congrès, à incarner un « changement de méthode » pour réformer la gouvernance.
Le 21 juillet 2025, Victorin Lurel, sénateur et conseiller régional de Guadeloupe, a adressé à Ary Chalus, président du Conseil régional et du Congrès des élus, une lettre ouverte pour alerter sur une « situation en vérité pour le moins complexe, pour ne pas dire bloquée ». Il y dénonce un défaut de consensus autour du projet de collectivité unique par l’article 74 de la Constitution, malgré les travaux des congrès de 2024 et 2025, et considère qu’un consensus « ne se décrète pas, mais qu’il se construit ».
Il rappelle à Ary Chalus qu’il lui « revient désormais de donner une suite aux travaux et aux résolutions des XVIIIe et XIXe congrès » et souligne qu’il existe « un désaccord profond quant à la méthode employée pour l’élaborer comme sur le fond de certaines orientations ».
Victorin Lurel souligne que, faute d’écoute, lui-même et son groupe avaient décidé « de ne pas participer aux travaux » en juin 2024 puis à nouveau en juin 2025, exprimant notamment leur critique sur le manque de concertation avec les forces vives et le « mépris démocratique affiché à l’encontre des minorités ».
Un appel à des alternatives démocratiques
Victorin Lurel n’est pas opposé au changement institutionnel mais regrette que ses propositions aient été systématiquement écartées. Il rappelle que depuis le Congrès de juin 2019, son groupe et lui proposent « d’explorer la voie de la révision constitutionnelle pour faire évoluer notre gouvernance… C’est l’option suivie par la Guyane et la Martinique encore aujourd’hui. Cela a été écarté ».
Il regrette également que la réforme des compétences entre Région et Département — visant par exemple à confier les routes à la Région et les collèges au Département — ait été écartée malgré sa cohérence.
Il formule plusieurs propositions : la mise en place d’une convention citoyenne tirée au sort, une consultation locale d’initiative communale en deux tours encadrant la consultation officielle, afin de permettre aux citoyens d’identifier leurs préférences avant de s’exprimer. Il explique que « le choix ne serait pas de répondre “oui” ou “non” à un projet unique, mais d’établir un choix préférentiel dans un premier tour et d’aboutir à un choix final entre deux options », explicitant sa foi dans une démocratie participative active.
« Rien ne serait pire que d’aller une nouvelle fois à l’échec sur un projet qui ne serait guidé que par l’idéologie ou – pire – par l’ambition d’asseoir l’hégémonie d’un homme ou d’un parti ».
En conclusion, Victorin Lurel invite Ary Chalus à incarner ce « changement de méthode » dont la Guadeloupe a besoin. Il considère que les enjeux sont trop importants pour qu’une gouvernance fondée sur l’idéologie ou la domination d’un parti puisse réussir. Il appelle à donner du temps au processus, en refusant de soumettre les résolutions du dernier congrès au conseil régional si elles n’avaient pas recueilli un large soutien démocratique.
Victorin Lurel conclut en soulignant que se donner du temps, c’est « élargir le champ des possibles », en référence aux contributions antérieures des socialistes, et invite à instaurer un débat territorial serein et inclusif, afin de sortir de la fatalité du statu quo.