Dans une étude publiée le 17 juillet dernier, l’Insee compare la rentabilité financière des PME (1–250 salariés) dans les DOM (Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion) et en France métropolitaine, révélant des écarts structurels persistants.
Les PME ultramarines font face à des défis structurels persistants qui grèvent leur rentabilité financière, selon la dernière étude de l’Insee sur les écarts de rentabilité financière entre les PME situées dans les DOM et dans l’Hexagone, publiée le 17 juillet 2025. Elle examine les PME employeuses de 1 à 250 salariés en 2022 dans les quatre DOM (hors Mayotte), et compare leurs performances à celles des PME hexagonales.
L’étude souligne d’abord que « le tissu productif des PME dans les DOM diffère de celui en France hexagonale ». En 2022, la taille moyenne en chiffre d’affaires hors taxes des PME est de 1,53 million d’euros en France métropolitaine, contre :
- 1,41 M € à La Réunion
- 1,38 M € en Martinique
- 1,36 M € en Guyane
- 1,34 M € en Guadeloupe
Cette différence reflète notamment « l’étroitesse des marchés ou les surcoûts liés à l’éloignement ».
Les PME d’outremer consacrent également une part plus importante de leur chiffre d’affaires aux consommations intermédiaires :
- 73,1 % en Guadeloupe
- 71,9 % en Martinique
- 70,8 % en Guyane
- 70,5 % à La Réunion
- contre 69,1 % en France métropolitaine
Le taux de couverture des importations par les exportations est très bas dans les DOM (entre 5,9 % et 12,4 % contre 78,6 % dans l’ensemble de la France). Le taux de valeur ajoutée est donc plus faible (environ 29 % contre 31,9 %) et le taux de marge légèrement plus élevé dans les DOM, en lien avec une part de charges de personnel plus faible.
Structure, productivité et coût du financement
L’étude montre que la productivité apparente du travail (valeur ajoutée rapportée aux salariés) est plus faible dans les DOM :
- 52,8 k €/salarié à La Réunion
- 57,4 en Guadeloupe
- 54,2 en Martinique
- 57,9 en Guyane
- contre 64,9 k € en métropole
Par ailleurs, les PME des DOM sont plus tournées vers la sphère présentielle locale (entre 55 % et 62 % du chiffre d’affaires) plutôt que vers la sphère productive.
L’accès au financement est aussi plus coûteux :
- 3,7 % en Guyane
- 2,8 % à La Réunion
- contre 1,9 % en métropole
Le taux de prélèvement financier (charges financières rapportées à la valeur ajoutée) est systématiquement plus élevé de plusieurs points dans les DOM.
Écarts de rentabilité selon les performances
Après ajustement via appariement et régression quantile, l’étude constate que :
- « La rentabilité financière des PME les moins rentables est proche de celles les moins rentables en France métropolitaine »
- La situation est similaire à la médiane
Toutefois, « des écarts résiduels apparaissent en haut de la distribution, en Guyane et à La Réunion ».
Ainsi :
- En Guyane, la rentabilité financière des 10 % des PME les plus élevées est supérieure de 3,9 % par rapport à celles les plus rentables en Hexagone, un avantage possiblement lié aux activités de la filière spatiale.
- À La Réunion, la rentabilité des 10 % les plus rentables est supérieure de 1,6 %, principalement grâce à des PME de 1 à 9 salariés « tournées vers le marché local et bénéficiant de déductions fiscales ».
L’étude précise que la rentabilité financière est définie comme « le rapport entre le résultat comptable et les capitaux propres », un indicateur de la solidité financière du point de vue des actionnaires. Elle explique également que cette approche complète l’analyse de la rentabilité économique, qui ne tient pas compte du mode de financement.