Retards d’approvisionnement : Frantz Gumbs interpelle le gouvernement
Tensions sur les délais, rayons vides à l’arrivée
Dans une question écrite adressée au gouvernement, publiée dans le Journal Officiel du 8 juillet dernier, le député de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, Frantz Gumbs, interpelle sur les difficultés croissantes de desserte maritime de ses territoires, particulièrement en matière d’approvisionnement alimentaire. Si les deux îles bénéficient d’un statut particulier au sein de la République, elles restent confrontées à des problématiques logistiques pesantes. « Les contraintes de ravitaillement actuelles remettent en question la continuité territoriale, dont elles aussi doivent bénéficier », rappelle-t-il.
Le parlementaire souligne que la transition écologique du transport maritime, si nécessaire soit-elle, engendre des effets indésirables pour les îles ultramarines. Il cite en exemple le redéploiement stratégique de la compagnie CMA CGM vers des navires de nouvelle génération. Ces porte-conteneurs, « plus respectueux de l’environnement, fonctionnant au GNL ou au biométhane et disposant d’une capacité de 26 % supplémentaires », ne desserviront plus directement le port de Phillipsburg, se recentrant sur le Hub Antilles de la Guadeloupe.
Des produits détruits faute de délais maîtrisés
Ce changement de circuit logistique provoque un allongement de « deux à trois jours des délais d’approvisionnement » vers les îles du Nord, avec des conséquences bien réelles sur le quotidien des habitants. Frantz Gumbs évoque des « rayons vides dans certains supermarchés de Saint-Martin », ainsi qu’une hausse des prix pour les consommateurs. Plus grave encore, l’allongement des délais de livraison conduit à des pertes nettes : « 26 tonnes de produits détruits » en 2024, faute d’avoir pu être écoulés à temps.
Un récent rapport du Conseil économique, social, culturel et environnemental (CESCE) de Saint-Barthélemy dresse un constat préoccupant. La chaîne logistique locale serait exposée à une série de vulnérabilités : grèves, retards d’escale, congestion portuaire ou déroutements. L’approvisionnement en produits frais est particulièrement fragile, avec des marges d’ajustement quasi nulles.
Une demande de garanties pour l’avenir
Dans ce contexte tendu, le député demande au ministre délégué chargé des Transports « quelles garanties il peut apporter aux populations de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin pour sécuriser la desserte maritime des produits alimentaires ». Il interroge également l’exécutif sur les compensations prévues, face aux nouvelles contraintes logistiques : « Quelles sont les mesures envisagées pour compenser les effets du recentrage des opérations logistiques sur le nouveau hub en Guadeloupe », écrit-il.
La réponse du ministère est attendue avec attention dans ces îles dépendantes des flux maritimes pour leur subsistance. Pour Frantz Gumbs, cette situation met en lumière les limites actuelles de l’organisation du fret ultramarin. À l’heure où la transition écologique transforme le transport maritime, il juge nécessaire que l’État veille à ce que la cohésion territoriale reste une priorité, même aux confins de la République