Cyclones, inondations, submersions… Les territoires d’Outre-mer paient un lourd tribut aux catastrophes naturelles. La CCR tire la sonnette d’alarme sur le coût croissant de la sinistralité ultramarine.
Des Outre-mer sur-représentés dans les coûts de sinistres
Alors que la saison cyclonique dans nos territoires de l’Atlantique Nord vient de démarrer, la Caisse Centrale de Réassurance (CCR) alerte sur le poids croissant des sinistres en Outre-mer dans son dernier bilan des catastrophes naturelles publié en juin 2024.
Si les Outre-mer ne représentent que 1,8 % des cotisations du régime Cat Nat, ils concentrent 10 % du coût total des sinistres sur la période 2000–2024. À titre de comparaison, l’année 2017, marquée par les ouragans Irma et Maria, reste la plus coûteuse, avec des dommages record. En excluant cette année exceptionnelle, la part des Outre-mer retombe à 3,6 % de la sinistralité nationale sur 24 ans.
Sur la période récente 2023–2024, le coût des événements naturels en Outre-mer est estimé entre 670 et 925 millions d’euros, dont la majeure partie est liée aux cyclones Chidoma, Belal et Gamane.
À long terme, la CCR recense une sinistralité ultramarine dominée à :
- 82 % par les vents cycloniques
- 13 % par les inondations
- 4 % par les séismes
- 1 % par les mouvements de terrain
Comparatif national : inondations et sécheresses en tête
Dans l’ensemble du territoire français, les inondations représentent 49 % de la sinistralité cumulée, avec 30,2 milliards d’euros de dommages assurés depuis 1989, soit un coût moyen de 702 millions d’euros par an.
La sécheresse suit de près avec 25 milliards d’euros de sinistres cumulés (41 %), et un coût annuel moyen de 697 millions d’euros. Les vents cycloniques (6 %) et les séismes (2 %) forment la catégorie dite des « autres périls », dont la sinistralité cumulée s’élève à 6 milliards d’euros — 70 % de ces événements touchant les Outre-mer, selon la CCR.
Cyclones plus fréquents, assurabilité en danger
L’intensification des aléas rend l’avenir incertain. La CCR estime que d’ici 2050, la fréquence des vents cycloniques en Guadeloupe pourrait croître de 17 à 68 %, selon les scénarios climatiques. Ce risque est accru par la montée du niveau de la mer, qui amplifie les submersions marines.
Dans ce contexte, le régime Cat Nat est sous tension, avec un déficit estimé à 1,2 milliard d’euros par an à climat constant. Pour y faire face, la surprime Cat Nat est passée de 12 à 20 % en janvier 2025.
Prévention et réforme en priorité
La prévention devient une priorité absolue. La CCR recommande de renforcer les politiques de réduction de la vulnérabilité, notamment via le Fonds Barnier, déjà très mobilisé en Outre-mer — particulièrement pour les risques sismiques aux Antilles.
Parmi les événements les plus coûteux de l’histoire du régime, l’ouragan Irma figure en troisième position, avec 2,6 milliards d’euros d’indemnisations, alors même que seules deux collectivités avaient été reconnues en catastrophe naturelle. Il est devancé par deux épisodes de sécheresse (2022 et 2018) ayant touché plusieurs milliers de communes en métropole.
Un observatoire de l’assurabilité souhaité
Face à ces déséquilibres, la CCR plaide pour la création d’un observatoire de l’assurabilité, afin de mieux suivre les difficultés croissantes dans les DOM-TOM, où l’accès à l’assurance devient critique pour certaines collectivités.








