Prévu depuis 2020, le TCSP Yanéo peine à voir le jour en Guyane. Malgré des infrastructures achevées à plus de 75 %, la mise en service des bus n’a toujours pas eu lieu.
Des routes flambant neuves, mais des bus toujours absents
Le projet de Transport en Commun en Site Propre (TCSP) de l’île de Cayenne, baptisé Yanéo, tarde à entrer en service malgré des infrastructures presque terminées. Si les routes sont neuves, les stations prêtes et les équipements modernes en place, les bus n’ont toujours pas démarré. Pour tenter de compenser certains obstacles techniques, un nouveau tracé est en cours d’aménagement… en plein cœur du centre-ville de Cayenne.
Lancé en 2020 avec un budget de plus de 160 millions d’euros – dont 40 financés par l’Union européenne –, Yanéo devrait révolutionner les transports entre Cayenne, Rémire-Montjoly et Matoury. Le premier tronçon de 10 kilomètres, doté de 21 stations et conçu pour accueillir 14 bus articulés hybrides, est achevé à plus de 75 %.
Pourtant, aucune rame ne circule. Les feux intelligents sont installés, les voies dédiées sont tracées, mais la marche à blanc – étape de test préalable à l’ouverture – n’a pas encore eu lieu. Initialement prévue pour fin 2023, la mise en service a été repoussée à mi-2024, puis à fin 2024, et aujourd’hui, c’est la fin 2025 qui est évoquée. Sans date ferme.
Le nouveau tracé en discussion
L’un des principaux changements concerne le parcours du TCSP à travers le centre-ville de Cayenne. Le tracé initialement prévu le long du canal Laussat a été abandonné au profit d’un itinéraire alternatif traversant le cœur de la ville : boulevard Mandela, rue Léopold Heder, rue Fiedmond (devant la préfecture), et retour par la rue Lallouette.
Cette reconfiguration vise à assurer une desserte du centre malgré les contraintes d’espace. Elle entraînera cependant la suppression de nombreuses places de stationnement :
- 110 places rue Heder,
- 51 sur le boulevard Mandela,
- 42 rue Lallouette.
Autre changement majeur : le TCSP ne circulera pas entièrement en site propre sur ce nouveau tronçon. Il devra partager certaines portions de voie avec le trafic existant, ce qui pourrait remettre en question la régularité promise par le système.
Usagers sceptiques, élus discrets
Face à ces nombreux retards et ajustements, les usagers perdent patience. « Tout est prêt, mais rien ne roule. On ne comprend pas ce qu’on attend », confie Claude. Certains évoquent un “gâchis de millions d’euros” tandis que d’autres dénoncent un manque total de communication sur l’évolution du projet.
De leur côté, les élus de la Communauté d’Agglomération du Centre Littoral (CACL) assurent que le chantier se poursuit et que la mise en service est « imminente ». Une « marche à blanc » est promise d’ici la fin de l’année, sans plus de précisions.