L’incendie survenu sur la marina royale à Marigot (Saint-Martin) le 19 avril dernier a mis en lumière les fragilités (entretien, sécurité) dénoncées depuis longtemps par l’association des commerçants. Le président de la Collectivité a annoncé vouloir saisir le tribunal administratif afin que soit prononcé un « arrêté de péril imminent ».
« À travers les flammes, c’est un cri ancien qui ressurgit : celui d’un territoire qui alerte, sans relâche, mais qui ne semble pas être entendu à la hauteur du danger. (…) Car ce qui brûle aujourd’hui à Saint-Martin, c’est bien plus qu’un bâtiment. C’est une frontière invisible entre la République et l’oubli » écrit Yann Lecam, président de l’Association des Entrepreneurs de la Capitale (AEC), dans une lettre ouverte rédigée à l’intention des ministres de l’Intérieur et des Outre-Mer ainsi qu’aux acteurs de Saint-Martin, comme le préfet, le président de la Collectivité ou encore la Présidente de la CCISM.
Un incendie aux conséquences importantes
Le 19 avril dernier, un incendie frappait la marina royale. Si aucune victime n’est à déplorer, trois sociétés ont été impactées, les restaurant Le Spinnaker et La main à la pâte ainsi que la boutique Bubble Shop – ces deux derniers ayant été entièrement détruits. Un drame qui révèle les fragilités du lieu, maintes fois dénoncées notamment par les membres de l’association des commerçants et restaurants de Marigot.
Ces derniers avaient rencontré le président de la Collectivité ces dernières semaines pour lui faire part de leurs doléances pour l’entretien et la sécurisation du quartier. Des solutions temporaires conjointes avaient été trouvées, qui n’ont visiblement pas suffi. « La police territoriale intervient dans le centre-ville avec une présence tous les soirs de 18h à 20h sur la marina, pour rassurer les commerçants et sécuriser les lieux. Ces patrouilles sont réalisées conjointement avec la gendarmerie. Le marché public de vidéoprotection est également a été attribué » rappelle la Collectivité.
Des mesures prises depuis 2022 mais des obstacles persistants
Dans un long communiqué la COM revient sur l’historique des mesures mises en place. « Dès son arrivée en avril 2022, le président de la Collectivité s’est montré attentif à l’état de la marina Port la Royale. La Collectivité étant propriétaire du ponton, elle a réhabilité le deck en bois et installé plusieurs luminaires en 2023. La collectivité a également réglé le contentieux lié à l’ancienne délégation de service public (DSP) et vient de lancer, le 15 avril dernier, une nouvelle DSP pour la gestion des quais, des parkings, de l’Auberge de mer et du pont d’accès au lagon. La consultation prendra trois mois avant de pouvoir sélectionner un délégataire de service public dont la charge consistera à prendre en main et gérer les parties publiques de la Marina en déployant un projet d’attractivité global ».
Elle souligne que l’une des problématiques majeures de la marina est liée à l’état du foncier qui relève de copropriétés et propriétaires privés sur lesquels la collectivité ne peut intervenir directement. « Face à l’état de délabrement de certains bâtiments, la Collectivité a mis en demeure trois propriétaires, en juillet 2024, l’ancienne Brasserie de la Gare, l’ancien restaurant Spinnaker et l’ancienne boutique Little Europe. Sans réponse favorable de leur part depuis 8 mois, l’incendie survenu samedi dernier a entrainé une enquête judiciaire et va désormais permettre à la collectivité de déposer une requête auprès du tribunal administratif afin que soit prononcé un « arrêté de péril imminent » obligeant les propriétaires à procéder aux travaux nécessaires » annonçait-elle ainsi le 23 avril dernier.
Une volonté de redynamiser la marina
Elle ajoute s’engager à moyen et long termes, à travailler avec les copropriétaires, les administrateurs judiciaires qui régissent certaines propriétés, ainsi que les commerçants, pour que la marina (re)devienne un lieu d’attractivité.
Louis Mussington rappelle à titre de conclusion que « cet incendie est l’illustration concrète des dangers engendrés par l’abandon des biens privés au cœur de l’espace public. C’est une menace pour la sécurité, pour l’économie locale et la dignité de notre territoire. Nous n’attendrons pas la prochaine catastrophe pour agir. Un arrêté a été pris dès le 20 avril pour sécuriser le périmètre et nous allons engager immédiatement la procédure de péril imminent, permettant à la collectivité d’exiger des travaux de sécurisation sous très bref délai. Si les propriétaires ne répondent pas, d’intervenir d’office, pour sécuriser, nettoyer, ou démolir ce qui menace (aux frais des propriétaires) ».
Enfin, comme l’indique le président de la COM, « le propriétaire devra s’acquitter des frais car Saint-Martin ne peut pas être pris en otage par l’inaction de quelques-uns. Nous sommes aux côtés des commerçants touchés et je veux dire ma solidarité pleine et entière aux commerçants victimes et à celles et ceux qui, depuis des années, font vivre la Marina Royale ».