L’association de protection de la nature de la partie hollandaise de Saint-Martin s’inquiète des impacts environnementaux du projet immobilier Vie L’Ven à Indigo Bay.
La Nature Foundation de Sint Maarten se dit profondément préoccupée par les circonstances entourant les permis pour le développement de Vie L’Ven à Cay Bay, également connu sous le nom d’Indigo Bay. L’association s’inquiète en effet des possibles impacts environnementaux de ce projet, notamment sur les récifs coraliens. Elle regrette le fait que ce projet n’ait fait l’étude d’aucune étude environnementale complète avant qu’un permis de construire ne soit délivré en 2023.
Des inquiétudes pour les récifs coralliens
« Malgré les efforts de l’actuel ministère du logement public, de l’aménagement du territoire, de l’environnement et des infrastructures (VROMI) pour améliorer rétroactivement les conditions ambiguës du permis, nous restons inquiets quant à l’avenir de ce récif corallien. En tant que principale organisation environnementale à but non lucratif de l’île, nous demandons au ministère de créer un précédent ferme et juste, et nous rappelons aux résidents que les personnes concernées ont jusqu’au 12 mars pour soumettre des lettres d’objection officielles » avance la Nature Foundation dans un communiqué daté du 4 mars.
Elle rappelle avoir, mi-2024, rencontré des représentants de Vie L’Ven et de son promoteur canadien, Alltree, afin de les conseiller sur les initiatives de développement durable. Et d’avoir finalement dû renoncer à toute nouvelle rencontre, après avoir pris connaissance des plans de l’infrastructure marine de la baie, qu’elle a jugé inconciliables avec sa mission de protection du récif existant.
En décembre, la Fondation a adressé une lettre pour exprimer ses inquiétudes au ministère du VROMI à la suite de messages publiés sur les réseaux sociaux par Vie L’Ven, qui laissaient entendre que le projet était autorisé. Comme l’a rapporté le Daily Herald en février 2025, l’actuel ministre du VROMI, Patrice Gumbs, a révélé que le permis de construire de Vie L’Ven avait été accordé en 2023 par le ministre précédent et qu’il avait été délivré à nouveau en janvier 2025. Ce permis impliquait la construction d’un port de plaisance et d’un brise-lames, ainsi que la mise en place de sable sur la plage naturellement rocheuse.
Des espèces menacées d’extinction en danger
« Bien que la Fondation pour la Nature ait mené une évaluation terrestre rapide limitée en 2021 à la demande du précédent Ministère de VROMI, il ne nous a jamais été demandé d’évaluer la zone marine. Sous l’eau, le littoral de Cay Bay est caractérisé par un récif complexe qui comprend des dizaines de coraux elkhorn (Acropora palmata), une espèce protégée et inscrite sur la liste de l’UICN des espèces « en danger critique d’extinction ». La surveillance effectuée depuis 2024 a révélé que certains spécimens résistants semblaient avoir survécu aux impacts de l’ouragan Irma, à la sédimentation des débris et du sable, ainsi qu’à l’augmentation des températures. L’espèce, qui vit exclusivement dans les eaux rapides, est menacée de façon imminente par les infrastructures qui réduisent l’énergie des vagues – la fonction même d’un brise-lames » souligne l’association.
Et de dénoncer non seulement qu’aucune étude d’impact sur l’environnement indépendante n’a été commandée avant l’approbation du permis, d’où l’absence d’évaluation environnementale rigoureuse de la zone marine. Mais encore que lors d’une conférence de presse, le ministre Gumbs a également déclaré que le permis n’avait pas été publié au Journal officiel lors de son approbation initiale, ce qui a empêché les habitants de présenter des objections formelles.
Des mesures correctives jugées insuffisantes
« Le ministre Gumbs a publié rétroactivement le permis de construire dans l’édition du 14 février de la Gazette nationale pour recueillir les objections du public, s’est engagé à réévaluer les autorisations d’ajouter du sable à la plage et a demandé à Alltree de payer une étude d’impact environnemental. Cependant, la réalité est que le permis de construire a déjà été délivré, et nous avons de sérieuses inquiétudes quant à la possibilité d’imposer rétroactivement au projet les normes juridiques qu’il devrait respecter, ainsi qu’à l’intégrité d’une future évaluation de l’impact sur l’environnement » s’inquiète la Nature Foundation.
Si, selon l’association, Vie L’Ven n’est pas le premier projet écologiquement sensible à être approuvé sans transparence publique ni évaluation environnementale, il s’agit de l’un des exemples les plus flagrants depuis de nombreuses années. « Il est impensable que des projets d’une telle envergure, le long d’un littoral peuplé d’espèces protégées, aient reçu un permis de construire sans garanties environnementales suffisantes. Cela ne tient pas compte du plan de politique de la nature du gouvernement ni de son engagement envers le protocole SPAW (Specially Protected Areas and Wildlife – zones et espèces sauvages spécialement protégées). Comme nous l’avons rappelé au ministère actuel, le gouvernement sera obligé de soumettre une demande formelle d’exemption au Secrétariat de la Convention de Carthagène » s’indigne la Nature Foundation pour qui cette situation a une fois de plus mis en évidence le besoin désespéré d’une réglementation environnementale codifiée.