Suite au triple homicide survenu le 11 mai dernier à Fort-de-France, l’État a renforcé la sécurité et déployé une stratégie contre le crime organisé en Martinique. En parallèle, la CTM appelle le Grand port maritime et l’aéroport à des mesures immédiates pour renforcer la sécurité.
La sécurité est particulièrement au cœur de l’actualité martiniquaise ces derniers jours. Le 11 mai à Fort-de-France, rue Ernest Deproge, trois personnes sont décédées à la suite de tirs d’armes à feu. Le préfet a d’emblée réaffirmé sa détermination et la complète mobilisation des forces de l’ordre dans le combat contre la circulation des armes et les trafics de stupéfiants.
« Depuis le début de l’année 2025, des opérations d’envergure sont ainsi menées pour sécuriser les côtes martiniquaises et lutter contre la délinquance dans les quartiers les plus affectés. Dans ce cadre, au 30 avril, 51 armes à feu ont été saisies (177 sur l’année 2024) » indiquait alors la préfecture avant d’annoncer que ces opérations seraient renforcées dans les prochaines semaines et une présence accrue des forces de sécurité intérieure serait assurée dans le centre-ville de Fort-de-France, notamment en soirée.
Des mesures d’urgence pour sécuriser Fort-de-France
Le lendemain, soit le 12 mai, le préfet de la Martinique, le procureur de la république et le maire de Fort de France tenaient une réunion d’urgence portant sur le renforcement de la sécurité à Fort-de-France et annoncent les mesures suivantes :
- Renforcement permanent de la présence policière en journée dans l’hypercentre de Fort-de-France, sous la forme de patrouilles pédestres et points de contrôles, fixes et mobiles
- Renforcement le week-end des effectifs de police par des pelotons d’escadrons de gendarmerie mobile dans l’hypercentre-ville de Fort-de-France, notamment en soirée et aux abords des lieux festifs, et dans les quartiers sensibles
- Mise en place de contrôles gendarmerie en périphérie de l’agglomération et à Fort de France
Opération inédite à l’aéroport Aimé Césaire
Mercredi 14 mai conformément aux directives du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, une vaste opération de contrôle était menée à l’aéroport international Aimé Césaire dans le cadre de la lutte contre le narcotrafic. « Pour la première fois en Martinique, un dispositif de contrôle exhaustif a été déployé, marquant une évolution significative de la stratégie de lutte contre le trafic de stupéfiants » rapporte la préfecture.
Et de préciser que contrairement aux précédentes opérations basées sur un ciblage spécifique de passagers, cette nouvelle approche vise à soumettre l’ensemble des voyageurs à des contrôles systématiques sur certains vols sélectionnés. Résultats : 374 passagers soumis à des palpations de sécurité, 93 bagages cabines contrôlés et 377 bagages en soute intégralement contrôlés. L’opération doit être renouvelée régulièrement, avec un choix des vols aléatoire, plusieurs fois par mois.
Surveillance renforcée du trait de côte
Par ailleurs, le 14 mai également, la préfecture a également communiqué sur une opération permanente, jusqu’alors confidentielle, de surveillance du trait de côte menée par la gendarmerie nationale depuis maintenant 3 mois. « L’objectif est de détecter et entraver les embarquements et débarquements illicites. Pour cela, d’importants moyens sont engagés : jusqu’à 120 gendarmes mobilisés chaque semaine, contrôles des ports de pêches et des marinas, engagement de la brigade nautique et de la section aérienne de la gendarmerie, partage du renseignement criminel … » explique-t-elle.
Les résultats des saisines (103 Kg de cannabis, 1034 munitions, 267 cartouches de cigarettes, 1132 Kg de lambis) et les 29 personnes interpellées, révèlent l’interpénétration des trafics contre lesquels l’État lutte activement, sans attendre la mise en service des radars d’ores et déjà livrés.
Sécurisation des transports publics
En parallèle, la veille, soit le 13 mai, dans un contexte d’augmentation des actes d’incivilité dans les transports publics, était signée une convention pour le renforcement de la sécurité dans les transports publics et d’un protocole d’accompagnement pour le transport maritime entre la préfecture, le parquet, les villes de Fort de France et des Trois-Ilets, Martinique Transport, la Régie des Transports de Martinique et les forces de sécurité intérieure.
La CTM appelle à des mesures urgentes
De son côté, face à une recrudescence inquiétante des homicides liés au narcotrafic, avec 13 meurtres enregistrés depuis le début de l’année 2025, le Président du Conseil Exécutif de Martinique a adressé le 21 mai, un courrier officiel au Président du Conseil de Surveillance et au Président du Directoire du Grand Port Maritime de la Martinique (GPMM), appelant à des mesures immédiates et concrètes pour renforcer la sécurité portuaire.
Il y souligne la responsabilité stratégique du port en matière de contrôle des flux de marchandises et alerte sur les risques majeurs que fait peser le narcotrafic sur la sécurité du territoire, ainsi que sur celle des pays destinataires. Il y affirme que l’essor économique ne peut être envisagé sans un strict respect des normes internationales de sécurité, notamment celles fixées par l’Organisation Mondiale des Douanes (OMD).
Le Président du Conseil Exécutif appelle ainsi à :
- L’acquisition immédiate d’un scanner fixe pour le contrôle systématique des conteneurs en provenance et à destination de Martinique, en remplacement d’un dispositif de contrôle mobile opéré par les Douanes, jugé insuffisant
- La mise en place d’un référent douane dédié, en coopération étroite avec le service des Douanes, pour faciliter la formation et l’habilitation des agents du port aux opérations douanières
- La tenue immédiate de la Commission des investissements du GPMM afin de valider ces deux mesures
Par ailleurs, dans un autre courrier, Serge Letchimy, alerte la SAMAC sur la nécessité pour l’aéroport de jouer pleinement son rôle stratégique dans la lutte contre les trafics qui minent la société martiniquaise. Il demande donc :
- L’installation d’un scanner à ondes millimétriques, technologie sans danger pour les passagers, pour assurer un contrôle systématique à l’arrivée, au départ ou en transit
- La mise en œuvre d’un cadre réglementaire permettant l’opposition administrative à la sortie du territoire en cas de suspicion grave
- L’activation des fonds européens de sécurité intérieure (FSI) pour cofinancer ces équipements et les formations nécessaires