Air Antilles a annoncé l’arrêt complet de ses opérations après que l’autorité de l’aviation civile française a suspendu son certificat, clouant au sol sa flotte depuis le 9 décembre dernier et perturbant de nombreux voyageurs.
« Nous vous informons que les autorisations d’exploitation de la compagnie Air Antilles sont temporairement suspendus, jusqu’à nouvel ordre », écrit la direction de la compagnie sur son site, annonçant que « [ses] opérations commerciales et aériennes sont à l’arrêt, à compter de ce jour », soit le 9 décembre dernier. Le communiqué précise que cette décision a été prise « unilatéralement par la Direction de la Sécurité de l’Aviation Civile, et [la direction] la regrett[e] profondément », tout en assurant que « toutes [ses] équipes sont pleinement mobilisées pour accompagner [les clients] ».
Cette suspension fait suite à une mesure prise par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), qui a suspendu le certificat de transporteur aérien de la compagnie, avec effet au mardi 9 décembre 2025 à 00 h 00 (heure de Pointe-à-Pitre), ce qui interdit à Air Antilles d’assurer des vols et d’émettre des billets. Selon Le Monde, la DGAC a indiqué que cette décision intervenait « après un audit de sécurité mené le 4 décembre [qui] a révélé des défaillances très significatives dans les processus de sécurité de la compagnie » et que, « compte tenu des dysfonctionnements de son système de management de la sécurité », la compagnie n’était « plus en mesure d’assurer la sécurité de ses passagers et de ses personnels ». La DGAC a accordé à Air Antilles « un délai d’un mois pour mettre en œuvre des actions correctives susceptibles de permettre le rétablissement de son certificat de transporteur aérien ».
La suspension du certificat de transporteur entraîne automatiquement celle de la licence d’exploitation, ce qui interdit à la compagnie de vendre des billets et laisse les avions cloués au sol, perturbant immédiatement l’organisation de nombreux voyages. Le Monde précise que, dans la mesure du possible, les passagers pourraient être basculés vers des vols Air Caraïbes.
La Collectivité de Saint-Martin, actionnaire majoritaire d’Air Antilles, est particulièrement touchée par cette crise. Son président, Louis Mussington, s’est exprimé publiquement le jour-même pour expliquer la situation. Il a détaillé que la suspension décidée par la DGAC remontait au vendredi 5 décembre et qu’il en avait été officiellement informé par Matignon le dimanche, rappelant que « la suspension du certificat de transporteur aérien (CTA) entraîn[ait] de fait celle de la licence d’exploitation, ce qui cloue les avions au sol et interdit la vente de billets, pour une durée indéterminée ». Selon lui, les dysfonctionnements identifiés concernent essentiellement des « aspects administratifs et réglementaires », et un plan d’action correctif a été élaboré et présenté à la DGAC. Il a demandé que la vérification de ce plan soit menée « dans des délais raisonnables » pour permettre une reprise rapide des vols.
Mussington a également rappelé qu’un audit interne réalisé début décembre avait mis en lumière certains dysfonctionnements, et qu’une présentation détaillée de ce diagnostic serait faite prochainement à la population. Il a exprimé son espoir d’une reprise rapide de l’exploitation et évoqué l’intérêt récent de nouveaux investisseurs, tout en dénonçant le comportement de l’opposition locale, jugé indigne et politicien à l’approche des élections territoriales de mars 2027.
Les élus de l’opposition à Saint-Martin, pour leur part, avaient dénoncé récemment des « irrégularités graves » dans la création, l’immatriculation et le financement de la société Air Antilles, ainsi que des risques financiers pour la collectivité, estimant que certaines modifications importantes n’avaient pas été présentées ni votées en conseil territorial. Ils ont mis en avant des statuts déposés différents de ceux adoptés, des interrogations sur la gouvernance et les risques économico-financiers pour la collectivité, ce que la majorité avait contesté en affirmant que la société était strictement conforme à la délibération adoptée le 20 septembre 2023 et que les différences relevaient de compléments techniques usuels.
Dans ce contexte tendu, la direction d’Air Antilles demande aux passagers concernés de surveiller leurs e-mails et leurs appels pour les dernières informations concernant leurs voyages, tandis que le sort de la compagnie dépend désormais de ses capacités à satisfaire rapidement les exigences de la DGAC, mais aussi de stabiliser sa gouvernance et ses ressources financières dans un climat politique et institutionnel fortement scruté.








