La Guadeloupe est la 2e région de France la plus touchée par la mortalité prématurée. Un rapport de l’ORSaG alerte sur des décès souvent évitables, notamment chez les hommes et les femmes peu dépistées.
Des chiffres préoccupants
L’Observatoire Régional de la Santé de Guadeloupe (ORSaG) a publié en 2025 un nouveau rapport sur la mortalité prématurée dans l’archipel, fondé sur les données de 2020 à 2022 issues de l’INSERM-CépiDC. Cette étude actualise les tendances observées depuis plus d’une décennie et souligne la persistance d’indicateurs préoccupants, malgré certains progrès.
Avec 27,4 % de décès prématurés, la Guadeloupe se classe deuxième région de France la plus touchée, juste après la Guyane. À titre de comparaison, la moyenne nationale se situe à 19,8 %. Cela signifie qu’environ un décès sur quatre survient avant l’âge de 65 ans, une situation révélatrice d’une vulnérabilité sanitaire structurelle.
Les hommes sont les plus concernés : 34,5 % de leurs décès sont prématurés, contre 20,8 % chez les femmes. Le rapport insiste sur cette disparité, en soulignant que « la surmortalité prématurée masculine demeure marquée, en particulier dans les tranches d’âge 40–59 ans ». Ce phénomène s’explique par une surreprésentation des comportements à risque et une moindre utilisation des dispositifs de prévention.
Cancers, accidents et maladies cardiovasculaires en tête
Trois grandes causes de décès prématurés sont identifiées :
- Les tumeurs (26 % des cas),
- Les causes externes (accidents, agressions, suicides – 21 %),
- Les maladies cardiovasculaires (15 %).
Chez les hommes, les causes externes sont prédominantes, notamment les accidents de la route et les comportements violents. Chez les femmes, la part des décès dus aux tumeurs est plus élevée, en particulier les cancers du sein, du col de l’utérus et du côlon-rectum, souvent détectés tardivement en raison d’un dépistage insuffisant.
Les maladies cardiovasculaires représentent également une cause importante, mais elles sont moins fréquentes que chez les hommes.
Une mortalité évitable dans de nombreux cas
Environ 19,7 % des décès prématurés sont considérés comme évitables, c’est-à-dire qu’ils pourraient être prévenus par une meilleure hygiène de vie, un accès plus rapide aux soins ou des campagnes de dépistage efficaces. Chez les hommes, cette part grimpe à 25,6 %. « Les accidents de transport terrestre représentent à eux seuls un quart des décès évitables », note le rapport. L’alcool, la vitesse, le non-port de la ceinture et l’usage de stupéfiants sont des facteurs récurrents.
Des progrès inégaux et des priorités identifiées
Malgré tout, des améliorations sont observées. La mortalité prématurée cardiovasculaire est en recul, grâce à une meilleure prise en charge des pathologies chroniques. Toutefois, la part des décès évitables ne diminue pas, ce qui révèle les limites des actions actuelles de prévention.
« La prévention primaire reste insuffisamment ciblée, notamment chez les jeunes hommes », souligne le rapport.
L’ORSaG formule deux axes prioritaires :
- Intensifier les campagnes de sensibilisation auprès des jeunes adultes masculins, en tenant compte des contextes socioéconomiques ;
- Renforcer le dépistage des cancers féminins, en luttant contre les freins à l’accès aux soins dans les zones rurales ou enclavées.
Enfin, l’étude met en lumière de fortes inégalités territoriales : certaines communes enregistrent un taux de mortalité prématurée deux fois plus élevé que d’autres. Ces disparités sont souvent corrélées à la précarité, à l’isolement géographique et à un accès limité aux structures de santé.