Lors de la séance des questions au gouvernement ce mardi 23 juin, la députée de Martinique Béatrice Bellay a interrogé le gouvernement sur le non-respect des engagements pris par l’État sur le mécanisme de compensation visant à réduire les frais d’approche sur les produits de première nécessité. Ce mécanisme faisait partie du protocole de lutte contre la vie chère signé en Martinique, le 14 octobre 2024. La FEDOM reproche à Manuel Valls d’avoir renvoyé la responsabilité aux entreprises.
« Non, la présence de Kassav’ sous les ors de l’Élysée ne saurait masquer les réalités de nos vies ou faire taire nos revendications de justice sociale ! Faute d’une véritable continuité territoriale, nos compatriotes ne peuvent pas rentrer chez eux, poursuivait l’élue. Dans le cadre du protocole de lutte contre la vie chère, signé en octobre en Martinique, un dispositif devait compenser les frais d’approche. Grâce à un tour de passe-passe, le dispositif de l’État sera finalement financé par les consommateurs. Zot ka pran nou pou kouyon ! »
C’est en ces termes que la députée (PS) Béatrice Bellay a interpellé le gouvernement lors de cette séance. Elle avait d’ailleurs ouvert son intervention par une phrase en créole, reprenant un titre du groupe Kassav’, qui s’était produit à l’Élysée pour la Fête de la musique le 20 juin : « Monsieur le Premier ministre, zouk la sé pa sél médikamen nou lé ! »
En réponse, Manuel Valls, ministre d’État, ministre des Outre-mer, a déclaré :
« Contre la vie chère, il faut agir ! […] J’agis, pour ma part, en dénonçant les pratiques du groupe GBH, en publiant décrets et circulaires, en présentant au mois de juillet un texte que vous pourrez amender dès l’automne. Je souhaite une application stricte du protocole contre la vie chère signé en Martinique. »
La FEDOM dénonce une mise en cause injuste des entreprises
Le 25 juin, la FEDOM (Fédération des Entreprises des Outre-mer) a publié un communiqué reprochant à Manuel Valls, « plutôt que d’expliquer précisément les raisons qui font que la mesure n’est toujours pas mise en œuvre », de rejeter une nouvelle fois la responsabilité de la vie chère « sur le dos des entreprises, avec une mise à l’index injustifiable de l’une d’entre elles, GBH ».
Selon la FEDOM :
« D’évidence, la question du pouvoir d’achat en Outre-mer ne se résoudra pas par des attaques non-substanciées contre les entreprises, quelles qu’elles soient, la plus importante comme la plus petite. Elle ne se résoudra pas non plus par l’énoncé de mesures contreproductives de sur-administration de l’économie des Outre-mer. »
Des entreprises sous pression
La FEDOM rappelle que les chefs d’entreprises ultramarins doivent faire face à :
- une accumulation de normes et de réglementations,
- des délais de paiement insoutenables dans les hôpitaux publics et les collectivités locales,
- la crise assurantielle et ses répercussions bancaires,
- les défaillances récurrentes de l’État dans ses fonctions régaliennes.
Dans ce contexte, les chefs d’entreprise prennent tous les risques, pour eux-mêmes et leurs salariés. Ils attendent donc :
- le respect des engagements souscrits,
- une meilleure prise en compte des enjeux structurels,
- et un peu plus de considération.
« Seule source durable sur nos territoires de création de valeur ajoutée et d’emplois, l’entreprise n’est pas le problème mais la solution », conclut la FEDOM.
Elle affirme continuer à rappeler cette évidence et à rester force de cohésion, de proposition et d’action.