La Chambre régionale des comptes (CRC) Antilles-Guyane a publié, son rapport d’observations définitives sur Kourou, couvrant les exercices depuis 2019. Ce rapport met en lumière plusieurs points préoccupants concernant la gestion financière et administrative de la ville.
Le rapport publié le 18 mars 2025 par la CRC met en évidence plusieurs irrégularités et problèmes financiers préoccupants qui fragilisent l’équilibre budgétaire de Kourou et soulignent des défaillances dans la gestion des ressources humaines et de la commande publique.
1. Une situation financière dégradée
Bien que Kourou ait observé une amélioration de sa situation financière entre 2019 et 2022, cette dynamique est largement portée par des ressources exceptionnelles. La cession des parts détenues dans la société immobilière de Kourou pour près de 9 millions d’euros et l’augmentation des dotations de l’État dans le cadre du contrat de retour à l’équilibre ont permis d’augmenter les recettes. Toutefois, l’autofinancement net reste négatif en 2023, ce qui empêche la commune de financer de manière autonome ses investissements futurs.
La municipalité a également financé de manière irrégulière son budget principal en 2022 en utilisant les excédents de trésorerie des budgets annexes de l’eau et de l’assainissement (9 millions d’euros). Cette pratique enfreint le principe fondamental selon lequel « l’eau doit payer l’eau ». De plus, Kourou faisait face, fin 2023, à 6 millions d’euros de factures impayées, rendant difficile le respect du plan de retour à l’équilibre recommandé par la chambre.
2. Une gestion des ressources humaines défaillante
Le rapport pointe également de graves irrégularités dans la gestion des ressources humaines. La ville spatiale ne respecte pas la durée légale du travail et finance des heures supplémentaires sans contrôle rigoureux. Les recrutements de cadres se font sans respecter les procédures assurant l’égalité de traitement.
Pire encore, certains agents, incapables de remplir leurs obligations professionnelles, continuent à percevoir des rémunérations, comme c’est le cas pour des agents incarcérés ou ayant quitté la Guyane.
3. Des irrégularités dans la commande publique
Toujours selon le rapport de la CRC, Kourou ne respecte pas suffisamment les principes de la commande publique, notamment la mise en concurrence des marchés. De nombreux achats sont effectués hors des procédures réglementaires, sans publicité ni mise en concurrence, ce qui contrevient aux règles de transparence.
L’exemple du secteur événementiel est particulièrement flagrant. Pour l’édition 2022 de Kourou Plage, des marchés ont été attribués sans mise en concurrence préalable, et le fractionnement des achats a permis d’éviter cette obligation pour un montant de plus de 400 000 euros. Des entreprises, dont les activités ne correspondaient pas à la nature des prestations demandées, ont été choisies, comme une entreprise d’élagage pour des prestations d’événementiel.
Enfin, la municipalité a eu recours à des protocoles transactionnels irréguliers pour solder certains marchés, et même réquisitionné le comptable public pour payer une société à hauteur de 184 655 euros sur la base d’une délibération annulée par le tribunal administratif.
4. L’absence de réaction du maire
À ce jour, François Ringuet, le maire de Kourou, n’a pas encore réagi publiquement à ce rapport, malgré les nombreuses irrégularités soulignées. Cependant, il a reçu le soutien de plusieurs organisateurs d’événements locaux qu’il a soutenus dans des projets culturels.