Le 12 novembre 2025 l’Assemblée nationale a adopté le rapport sur l’état des cours d’eau, présenté en commission par les rapporteurs et révélant une situation critique en France et en Guyane.
L’état des cours d’eau français s’est largement détérioré. C’est le constat dressé dans un rapport d’information présenté par Julie Ozenne (EcoS, Essonne) et Freddy Sertin (EPR, Calvados), en commission du développement durable et de l’aménagement du territoire le 12 novembre dernier. La commission a ensuite voté « à l’unanimité, en faveur de la publication du rapport ». Les rapporteurs indiquent que « 56,7 % des cours d’eau ne sont pas en bon état écologique » et que « 56,2 % ne sont pas en bon état chimique ». Ils rappellent que l’hydromorphologie est « le premier facteur de dégradation » et évoquent la nécessité de renforcer la gouvernance pour restaurer les milieux.
Pressions nationales et trajectoire de restauration
Le rapport décrit l’effet combiné des pollutions diffuses, de la dégradation physique des lits des rivières et des prélèvements excessifs. Il insiste sur la fragmentation des milieux et sur les obstacles qui perturbent la continuité écologique. Les rapporteurs proposent dix-neuf recommandations pour structurer une politique plus cohérente, améliorer la maîtrise foncière et renforcer les moyens opérationnels afin d’atteindre les objectifs environnementaux.
La Guyane : un territoire fragile face à des pressions accrues
Les rapporteurs ont souhaité « approfondir le sujet de l’état des cours d’eau en Guyane ». Ils rappellent que la région « abrite l’un des réseaux hydrographiques les plus denses de la planète » avec 180 000 km de cours d’eau, soit un quart du linéaire national. Malgré des indicateurs a priori favorables, puisque « 67 % des cours d’eau de Guyane sont en très bon état global écologique et chimique », ils constatent que « l’état des cours d’eau guyanais s’est nettement dégradé ces dernières années ».
Pour eux, cette évolution s’explique par « la pression croissante de l’activité aurifère » mais aussi par « une importante amélioration des connaissances des milieux et des pressions », ce qui « laisse à penser que les cours d’eau guyanais sont en réalité dans un état pire que ce que suggèrent les indicateurs ».
Ils rapportent que « l’ensemble des acteurs rencontrés » a insisté sur « un défaut de connaissance des cours d’eau fortement préjudiciable à leur protection ». Ce manque de données est illustré par « l’absence de cartographie des têtes de bassins », qui rend « inapplicable, dans les faits, l’interdiction de l’exploitation minière dans les 500 premières mètres des têtes de bassin ». Les rapporteurs alertent aussi sur « un manque criant d’infrastructure d’eau et d’assainissement ». Ils notent que « 15 % de la population n’a pas accès à l’eau potable » et que les stations d’épuration sont « sous-dimensionnées » et « incapables de traiter les eaux usées d’une région au développement urbain rapide ».
Recommandations spécifiques pour la Guyane
Pour répondre à ces enjeux, le rapport propose des orientations dédiées au territoire. Les rapporteurs insistent sur la nécessité de combler les lacunes en matière de connaissance et de suivi : ils recommandent d’établir une cartographie précise des cours d’eau et de leurs têtes de bassin afin de garantir l’application des interdictions d’exploitation aurifère. Ils appellent également à renforcer les équipements d’eau potable et d’assainissement pour répondre aux besoins d’une population en croissance. Ils soulignent l’importance d’améliorer la protection foncière des berges et des milieux aquatiques, en intégrant la gestion des zones riveraines dans une stratégie cohérente. Ils rappellent enfin la nécessité d’une planification territoriale adaptée aux spécificités de la Guyane pour préserver une biodiversité exceptionnelle dont « 50 % de la biodiversité d’eau douce française » dépend.
En détaillant la situation nationale et en consacrant un volet approfondi à la Guyane, le rapport adopté met en lumière l’urgence d’agir sur un territoire où « 80 % des dégradations constatées entre 2013 et 2019 le sont du fait de l’activité aurifère » et où « 19 % des cours d’eau font face à une pression aurifère ». L’avenir de ce réseau hydrographique unique dépend désormais de la mise en œuvre concrète des recommandations formulées.









