Quelque jours avant le début de la COP30, le WWF France alertait sur la persistance de l’orpaillage illégal en Guyane, qui reste un moteur majeur de déforestation et de pollution.
À quelques jours du début de la COP30 qui se tient au Brésil depuis le 10 novembre et s’achèvera le 21, le WWF France publiait le 4 novembre dernier une alerte forte : l’orpaillage illégal en Guyane continue de menacer gravement les écosystèmes du plateau des Guyanes. Un rappel, chiffré, à l’aube de négociations internationales où la lutte contre la déforestation est un thème central.
Le WWF s’appuie sur une étude de terrain inédite réalisée en 2024 le long des fleuves Oyapock et Maroni. L’enquête, menée par une anthropologue surinamaise et un géographe brésilien, a permis d’interroger 134 personnes impliquées dans l’orpaillage illégal : 97 % d’entre elles sont originaires du Brésil, avec un âge moyen de 39 ans, et 13,4 % sont des femmes. Le revenu médian estimé pour ces garimpeiros est d’environ 2 000 euros par mois.
Si le nombre d’orpailleurs reste élevé, environ 8 500 en 2024 selon l’étude , la production d’or illégal a diminué : l’extraction serait de l’ordre de 4,3 tonnes en 2024, contre environ 10 tonnes dans les années 2010. Cette baisse, estimée entre 5 % et 15 % par an depuis 2022, serait liée à un renforcement des opérations de lutte menées par les autorités françaises et brésiliennes.
Mais le WWF pointe un déplacement des circuits logistiques : alors qu’autrefois les flux transitaient majoritairement par la frontière franco-brésilienne, 75 à 85 % de l’or illégal seraient désormais acheminés via le fleuve Maroni, en lien avec des bases logistiques sur la rive surinamaise.
Sur le plan environnemental, les conséquences de l’orpaillage illégal restent dramatiques : contamination au mercure, destruction des cours d’eau, perte de biodiversité, insécurité dans les zones forestières, relève le WWF. Pour l’organisation, « une coopération trinationale entre la France, le Brésil et le Suriname est désormais essentielle pour enrayer durablement l’orpaillage illégal sur le plateau des Guyanes. »
Le WWF estime que les efforts conjoints de la France et du Brésil portent certains résultats, mais que le défi reste immense. Laurent Kelle, responsable du WWF en Guyane, affirme : « les impacts sociaux et environnementaux sont considérables », et appelle à un renforcement de la coopération transfrontalière.
En publiant cette alerte juste avant la COP30, le WWF souhaitait mettre la pression sur les décideurs : sans actions diplomatiques et opérationnelles plus ambitieuses, le fléau de l’orpaillage pourrait continuer de miner la forêt amazonienne guyanaise, au détriment des populations locales et de la biodiversité.










